Aider au retour à l’emploi après cancer
En 2024, Infopro Digital a signé en France un partenariat de trois ans avec Gustave Roussy, premier centre de lutte contre le cancer en Europe et quatrième mondial, pour soutenir un programme de recherche dont l’objectif est de faciliter le retour à l’emploi après un cancer. Avec ce partenariat, Infopro Digital accompagne une équipe internationale de chercheurs de Gustave Roussy menant plusieurs études liées au maintien dans l’emploi et au retour au travail. Celles-ci portent notamment sur l’utilisation des technologies digitales pour aider chaque personne à gérer dans la durée les effets secondaires liés au traitement (fatigue sévère, etc.). L’équipe de Gustave Roussy concentre ses recherches sur un échantillon de femmes actives atteintes d’un cancer du sein. Les résultats seront extrapolables à tous les cancers voire à d’autres maladies.

La Dr Ines Vaz Luis, oncologue médicale et chercheuse, est une spécialiste internationale de la qualité de vie après- cancer (survivorship) et de son évaluation. À Gustave Roussy, elle est à la tête d’un programme médico-scientifique qui s’intéresse à l’après-cancer avec l’objectif de mieux identifier et prévenir les toxicités en lien avec les traitements. Elle co-dirige le développement scientifique des études en lien avec la cohorte CANTO (CANcer TOxicities), qui s’intéresse aux toxicités développées chez les femmes soignées d’un cancer du sein localisé.
Pourquoi mener ces recherches sur « l’après cancer » et le retour au travail ?
Dr Ines Vaz Luis: Depuis 30 ans, le nombre de nouveaux cas de cancer en Europe augmente chaque année, principalement en raison du vieillissement de la population, de l’augmentation de certains comportements à risque comme le tabagisme, et de l’amélioration des méthodes de diagnostic ou de dépistage. En parallèle, le taux de survie après un cancer augmente grâce à un diagnostic précoce, à de nouvelles techniques chirurgicales et l’arrivée de nouveaux traitements. De plus en plus de personnes vivent donc avec un cancer. Cependant, elles doivent faire face aux conséquences physiques, psychologiques et sociales du cancer et de ses traitements. Des études ont montré que plus de 50 % des femmes ayant eu un cancer du sein non métastasique souffrent d’au moins un symptôme post-traitement sévère. Cela impacte fortement l’adhérence aux traitements prescrits et augmente le risque de rechute. Réduire et prévenir le poids des symptômes sur la vie des patients, par une approche de soins de supports personnalisée, est essentiel.
Une grande partie des personnes atteintes d’un cancer est en âge de travailler. En France, cela concerne par exemple chaque année plus de 30 000 femmes diagnostiquées avec un cancer du sein sur les 61 200 nouveaux cas, et près de 30 000 hommes pour le cancer de la prostate. Dans le monde, l’incidence du cancer précoce ou survenant chez les adultes de moins de 50 ans a augmenté de près de 80 % depuis les années 1990. Le cancer peut avoir un impact significatif sur la vie professionnelle des individus, avec une période d’arrêt maladie de plusieurs mois après le diagnostic, qui peut par ailleurs engendrer une diminution de revenus liée aux arrêts maladie ou à une perte d’emploi. Deux ans après un diagnostic de cancer du sein, 70% des femmes seulement retournent au travail. Pourtant, le retour au travail est associé à une meilleure qualité de vie et est considéré comme une partie importante du processus de rétablissement.
Existe-t-il aujourd’hui un accompagnement des personnes dans leur retour au travail ?
Dr Ines Vaz Luis: Au sein de Gustave Roussy, de nombreux modes d’accompagnement sont proposés aux personnes diagnostiquées d’un cancer ainsi qu’à leur entourage. Pour n’en citer que quelques-uns : l’atelier « Enjeux Psychologiques du Retour Au Travail » pour aborder les appréhensions, la communication avec les collègues, la performance, la fatigabilité, le plaisir du lien social, etc. ; la formation « Travailler avec un cancer » destinée aux managers pour mieux accompagner leurs collaborateurs touchés par le cancer. Elle aborde les dimensions du cancer en milieu professionnel, les traitements et les impacts psychologiques et physiques, et vise à améliorer le maintien dans l’emploi et faciliter le retour au bureau.
Enfin, Gustave Roussy est coordinateur scientifique d’un essai clinique de promotion UNICANCER qui vise à déterminer l’efficacité de l’intervention ITACA* par rapport aux soins habituels pour réduire le nombre de jours d’arrêt maladie entre le diagnostic et le premier retour au travail. ITACA comprend un soutien psycho-éducatif, physique et de réintégration professionnelle fourni à l’aide de deux outils numériques (application et site web) complétés par le suivi individuel d’un psychologue du travail. L’étude examine également l’impact sur le statut professionnel deux ans après le diagnostic et les circonstances du retour au travail, ainsi que sur divers domaines de la qualité de vie (fatigue, douleur, anxiété, dépression).
*Intervention pour le retour au travail après un cancer du sein
Comment créer les conditions du maintien dans l’emploi et du retour au travail ?
Dr Ines Vaz Luis: Il est indispensable d’inclure une approche préventive pour limiter les séquelles des traitements, et rendre la personne plus active et maîtresse de son parcours après un diagnostic de cancer.
L’information des employeurs et des collaborateurs est primordiale car la question du retour et maintien en emploi est encore trop peu adressée. Les ressources de sensibilisation sont encore limitées. C’est pourquoi Infopro Digital s’associe à Gustave Roussy pour créer un guide destiné aux managers sur la reprise et le maintien en emploi d’un collaborateur atteint de cancer.
Il est également important de sensibiliser les patients assez tôt dans leur parcours de soins à l’importance d’anticiper le retour au travail, et de leur fournir les outils nécessaires lorsqu’ils se sentent prêts à entamer les démarches. Proposer des soins de support et orienter vers ces ressources peut réduire voire faire disparaitre les effets secondaires du traitement.
En quoi le partenariat signé avec Infopro Digital peut vous être utile ?
Dr Ines Vaz Luis: La majorité des financements de notre équipe Cancer Survivorship est issue de réponses à des appels à projet lancés par différents organismes nationaux ou internationaux. Ces financements concernent un projet spécifique pour une durée définie. Or les aléas font partie intégrante d’un projet de recherche et peuvent causer des difficultés pour sa bonne réalisation. Le soutien financier apporté par Infopro Digital nous apporte une flexibilité indispensable pour dynamiser nos recherches (explorer plus en détail certaines problématiques…).
Le partenariat avec Infopro Digital permettra également un partage de compétences, notamment en matière de communication et de vulgarisation des résultats de nos recherches, en particulier à destination des employeurs et des managers.